LA FONDATION DE LA COMPAGNIE DE SAINTE URSULE

Orlando, P. (2007) [Ste Angèle Merici], Ursulines de l’Union Romaine

Avec la fondation de la COMPAGNIE DE SAINTE URSULE, à Brescia, dans le nord de l’Italie, en 1535, Sainte Angèle Merici a offert aux jeunes femmes de son temps une alternative à la vie religieuse cloîtrée. C’était une initiative des plus audacieuses pour l’époque. Les membres de la Compagnie sont consacrées comme Epouses du Fils de Dieu, mais sans vœux, vivant dans leurs propres maisons et poursuivant leur travail. La forme de gouvernement de la Compagnie était laïque et féminine, faisant connaître à ses contemporains la confiance d’Angèle dans la capacité d’une femme à discerner, à juger par elle-même, et à se gouverner elle-même.

Après la mort d’Angèle, des Compagnies sont fondées dans plusieurs villes en Italie, avec des Règles plus ou moins identiques à celle de la Compagnie de Brescia. Peu à peu, les membres se mettent à vivre ensemble et, en réponse à un besoin de l’époque, on leur demande souvent d’enseigner dans les écoles de la Doctrine chrétienne, créées après le Concile de Trente, pour combattre l’ignorance religieuse.

27 Janvier Sainte Angèle Merici

Le charisme d’Angèle est comme une racine qui donne naissance à un arbre aux nombreuses branches et il s’exprime aussi sous la forme de congrégations religieuses. Comment est-ce arrivé ?
En France, vers la fin du XVIe siècle, une Compagnie est créée par un groupe de jeunes femmes à Avignon. D’autres initiatives ont rapidement vu le jour dans différents lieux en France. Mais, au début du XVIIe siècle, à la suite des décrets du Concile de Trente, de nombreuses communautés, pour diverses raisons, ont choisi de devenir des couvents avec clôture et vœux. Le premier fut Paris en 1612. Ce fut le début de l’ORDRE de SAINTE URSULE. Le mode de vie ursuline avait changé, mais les sœurs ont continué leur mission d’enseignement de la doctrine chrétienne. L’esprit du charisme d’Angèle, de consécration et de service, a continué d’être suivi, mais sous une forme différente.

Cette transition vers la vie monastique a été un tournant majeur. Il a donné lieu à un grand développement spirituel et a également conduit à une expansion incroyable. À la fin du XVIIème siècle, en France, il y avait 300 couvents ursulines. Au XVIIIème siècle, il y en avait 400. Ce sont ces couvents qui envoyèrent des missionnaires dans d’autres pays. D’abord dans toute l’Europe puis, à partir de 1639, lorsque Marie de l’Incarnation partit de France pour le Canada, les couvents ursulines d’Europe ont essaimé sur tous les continents. Ce zèle missionnaire découle d’un désir de faire connaître le Christ, mais est aussi une conséquence, parfois de la persécution qui forçait les sœurs à quitter l’Europe et, à d’autres moments, d’un l’appel de l’Église locale.
Au XVIIIème siècle, des communautés ursulines s’établirent aux États-Unis et au Brésil, et au XIXème siècle en Afrique, en Asie et en Australie.

UNION ROMAINE


Après la chute des États pontificaux en 1870, les congrégations religieuses en Italie risquaient de disparaître à cause des lois établies par l’État italien. La supérieure du couvent florissant de Blois, en France, a répondu à l’appel à l’aide du couvent de Rome, puis de celui de Calvi en Ombrie (Italie). De cette situation de nécessité vitale et de sa réponse, est née la première petite union de Rome-Blois-Calvi avec trois communautés distinctes sous la juridiction de trois évêques différents. La première Supérieure Générale fut Mère Marie de Saint Julien Aubry, domiciliée à Blois.

NAISSANCE DE L’UNION ROMAINE

En 1900, le pape Léon XIII exprime le souhait de voir toutes les Ursulines unies sous l’autorité d’une Supérieure Générale vivant à Rome. Une consultation est envoyée à toutes les Ursulines et à tous les évêques concernés. Les questions, la correspondance, le soutien et même les objections conduisent à la convocation d’une Assemblée générale à Rome le 15 novembre 1900. Les 71 supérieures et déléguées ont discuté et voté un plan en vue d’un gouvernement général. 62 monastères ont rejoint l’Union. L’approbation verbale du Saint-Père, le 28 novembre 1900, a été suivie par l’ouverture du premier Chapitre Général de l’Union Romaine, et l’élection de Mère Marie de Saint Julien Aubry comme Prieure Générale, ainsi que l’élection de quatre conseillères : allemande, américaine (USA), française et italienne.
Puis le travail d’organisation de l’Union Romaine a commencé - le nom est choisi pour affirmer son caractère international dès le début, par rapport à d’autres congrégations nationales. En 1900, cette Union comprenait 62 monastères de différents continents. En 1903, après des difficultés organisationnelles, les premières Constitutions de l’Union Romaine ont été approuvées, laissant l’autonomie aux monastères et la stabilité pour les sœurs. En 1905, des Provinces ont commencé à se former, et leur nombre n’a cessé d’augmenter. En 1926, la stabilité est passée au niveau de la Province.

L’Union a donné aux Ursulines une nouvelle force et de nouvelles possibilités de collaboration pour fonder de nouvelles maisons : en Chine, en Thaïlande, plus tard au Sénégal, au Cameroun, et ainsi de suite. C’était un soutien en période de persécution au Mexique, à Cuba et en Europe, sous le national-socialisme et le communisme.
Le caractère international de l’Union s’est développé et a été précieux, même s’il a nécessité une conversion constante pour accueillir les différences. Les dernières décennies ont été marquées par une ouverture à la diversité culturelle, considérée comme un atout et non comme une difficulté. Cette ouverture internationale a eu un impact direct sur les établissements d’enseignement, à travers des échanges d’étudiants, des activités interculturelles variées, des rencontres internationales, qui ont approfondi le sentiment d’appartenance à un même corps au-delà des frontières.