En chemin
02/04/2021
Nous sommes le peuple de Pâques, Alléluia est notre chant
Noli MeTangere Fra Angelico (1442) |
En ce temps de Pâques, nous sommes invitées à nous asseoir avec Marie et ses compagnes près du tombeau. Dans l’Evangile de Marc, il est écrit que Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques et Salomé sont venues au tombeau tôt le matin, et l’ont découvert vide, à l’exception du « Messager ». Matthieu nous dit que Marie Madeleine et « l‘autre Marie » étaient au tombeau et là, « remplies de crainte et d’une grande joie », elles reçurent la nouvelle du tombeau vide. Dans l’Évangile de Luc, nous lisons que les « femmes qui étaient venues avec Jésus depuis la Galilée » avaient vu où il était enseveli, et revinrent pour accomplir les rites funéraires, et ensemble elles découvrirent que le tombeau était ouvert et vide. Et dans l’Évangile de Jean, cette scène très émouvante nous est offerte, scène que nous connaissons si bien – Marie Madeleine, après avoir découvert le tombeau vide, appelle Pierre et Jean qui arrivent, regardent et ne trouvant pas de corps, rentrent chez eux. Marie, cependant, absorbée par son chagrin et son désarroi, reste près du tombeau, et Jésus lui-même se révèle à elle dans une rencontre personnelle.
Dans chacun des quatre Évangiles, ce sont les femmes qui sont chargées de transmettre le message de la Résurrection aux disciples. C’est aux femmes qu’est confiée l’étonnante nouvelle que Jésus n’est pas mort, mais vivant et présent avec elles, bien que cette vie, cette présence, ait une forme différente de ce qu’elles avaient connu précédemment.
Pierre et Jean, après avoir trouvé le tombeau vide, à l’exception des linges funéraires, sont rentrés chez eux. Nous pouvons imaginer que, la douleur ressentie devant l’humiliation et la mort de Jésus, est maintenant augmentée de cette autre perte. Peut-être, parce qu’ils s’attendaient à voir un cadavre, ils n’étaient pas à l’écoute de ce que les linges funéraires pliés leur disaient ... non seulement « Il n’est pas ici », mais également « Il est ressuscité »! Bien qu’il soit suggéré que « le disciple que Jésus aimait » ait eu une lueur de foi et de perspicacité, il semble que les deux hommes soient revenus avec leurs questions, parce que leurs esprits ne pouvaient pas concevoir la possibilité d’un Jésus ressuscité et transformé. Marie, cependant, reste près du tombeau, pleurant. Quelque chose l’incite à regarder, une fois encore, à l’intérieur.
Nous ne pouvons qu’imaginer la stupéfaction de Marie quand, alors qu’il prononce son nom, elle reconnaît Jésus. Bien sûr, à ce moment-là, elle voulut s’accrocher à lui. Cependant Marie doit encore apprendre à lâcher prise. Sa relation avec Jésus ne sera plus celle du passé. Elle ne doit pas «s’accrocher à» Jésus. C’est comme si Jésus lui disait : «Ne t’attends pas à me retenir pour toi même». Elle doit apprendre que tout sera maintenant différent, transformé. Il lui est demandé d’aller au-delà de son expérience antérieure et de transmettre le message au reste de la communauté. Il lui est demandé d’être non seulement une messagère d’amour, mais aussi d’espérance, de vie et de l’imprévisible.
Ces jours-ci, peut-être pouvons-nous nous asseoir ensemble, avec Marie Madeleine et ces autres femmes, alors que, nous aussi, nous sommes face au mystère et à la joie de la Résurrection. Marie espérait que Jésus serait vivant ; elle découvrit que de fait, il était Ressuscité, ce qui faisait toute la différence ! Quelle différence cela fait-il pour nous, en tant que communauté globale des Ursulines ?
Chacune de nous a des tombeaux vides dans sa vie, à la fois personnellement et comme communauté. Il peut s’agir d’expériences de perte, de deuil, non résolues, de moments de trouble et d’incertitude, de doute et de peur. Ce sont les lieux où nous continuons à chercher la vie là où elle ne se trouve plus, où nous «cherchons les vivants parmi les morts».
Alors que nous nous asseyons près des tombeaux vides de nos vies, souvent le cœur lourd, que voyons-nous ? Regrettons-nous que la vie ne soit plus ce qu’elle était ? Sommes-nous en mesure de regarder ce qui était, prêtes à nous laisser surprendre ? Sommes-nous prêtes à nous étonner de la possibilité que Jésus se présente lui-même à nous de manière nouvelle, différente et plus vivifiante ? Nous est-il possible de voir ces tombeaux vides comme des lieux d’où pourraient surgir une vie nouvelle et inattendue, une vie ayant une apparence, une forme et une énergie inattendues ? Et comment pourrions-nous exprimer cette énergie alors que nous apportons le message de la Résurrection au monde d’aujourd’hui ? Comment donner de nouvelles couleurs à la Bonne Nouvelle en 2021 ? Marie a beaucoup à nous apprendre alors que nous nous asseyons avec elle près du tombeau vide.
Comme pour Marie, nos espoirs sont souvent limités par ce que nous avons déjà vécu. L’espérance de la résurrection est sans limites, infinie, elle permet la vie au-delà de nos imaginations.
N’oublions pas que l’Espérance de Pâques s’accompagne de la joie Pascale. La Joie de Pâques nous assure que, peu importe que nous puissions parfois nous sentir dépassées par la réalité de la douleur, de la perte, de la confusion ou du doute : dans la douce lumière de l’aube, nous entendrons celui qui nous aime chuchoter notre nom, peut-être avec un nouveau ton, mais toujours avec un accent reconnaissable. Nous nous réjouissons ensemble que Pâques atteste que la vie vaincra toujours la mort, que la lumière pénétrera toujours dans les ténèbres, et que la bonté l’emporte toujours. Et c’est pour cette raison que nous chantons Alléluia!
Sr Susan Flood, osu – Prieure Générale