Explication de la statue Marie de l'Incarnation GUYART par Mme BISSARA-FREREAU, sculptrice

(Tours, église St Pierre Ville, 20 octobre 2019)

J’ai représenté Marie en partance pour la mission, dont elle a eu la révélation.

Elle est dans la lumière du Christ, unie à Lui, elle a la main sur le cœur.



En empreinte sur son vêtement, on discerne le nom du Christ. Elle sait combien il doit se vivre dans le monde.

Elle s'abandonne totalement à la dynamique spirituelle. Elle est volontaire, ce qui suppose la confiance.



J'ai travaillé la spirale – c'est à propos du voile –, symbole de vie, qui l'entraîne dans ce mouvement d'abandon à Dieu, en Christ et à l'Esprit à travers l'espace. Elle a eu aussi la révélation de la Sainte Trinité. C'est une voie de combat mystique et humain de Marie de l'Incarnation, qui écrit ceci : « la contemplation n'est pas oisive, elle a de grands travaux à faire qui ne lui donnent jour et nuit aucun repos dans les chemins de l'Esprit de grâce ». Et, en s'approchant, on voit aussi l'Esprit gravé sur son vêtement.


Intérieur et extérieur se rejoignent dans la forme de cette sculpture. Marie part vers l'inconnu.

Le voile est le souffle - celui-ci revient à l'arrière -, et s'ancre dans le livre sacré, en verre, transparent, qui est la racine de toute la sculpture.



La croix est inscrite sur le livre, mais surtout elle est inscrite en Marie. Marie, dans ses écrits et dans ses lettres à son fils, parle souvent de la croix et des croix qu'elle traverse. Par la Parole, Marie est entrée dans les rythmes de transformation intérieure et d'incarnation de cette expérience vécue intensément en profondeur. Elle se réfère souvent à saint Paul qui écrit : « Vous êtes dépouillés du vieil homme, vous avez revêtu l'homme nouveau qui progresse vers la connaissance et vers l'amour de celui qui l'a créé » (Lettre de st Paul aux Ephésiens chapitre 4 versets 22-24).



Des rythmes, surtout en diagonale sur sa robe : ce sont les rythmes d'un chant qui marquent ses vêtements. Le sceau de l'amour divin est inscrit sur sa robe. « Mon cœur se sentit tout embrasé de la brûlure d'amour » s'écrit-elle. Elle est dans l'ivresse sainte, elle s'adresse ainsi à son fils : « c'est un présent qui ne s'acquiert pas dans une méditation, ce don est une intelligence de l'Esprit de l'Evangile ».



Ici, le livre sacré est le « point d'ordre », la mise en ordre du mouvement. Il est lumière en elle. Ce que Teilhard de Chardin appelle « l'incandescence des nappes intérieures de l'être ».

Jean Paul II nous dit à propos du mystère de l'incarnation que « la nature divine et la nature humaine sont sauvegardées, chacune d'elles restant autonome dans un rapport réciproque sans confusion » (Jean Paul II dans l'encyclique Foi et Raison du 14 septembre 1998)



Le socles, en pierre, exprime l'ancrage dans la pierre angulaire, pierre de construction qu'est le Christ.

Le patine bleutée évoque l'Esprit Saint qui est lumière.



Enfin, la sculpture n'est pas posée comme un portrait, mais dans une dramaturgie figurave et abstraite. Dans l'art roman, les sculptures ne sont pas des copies passives du vrai, elles s'adressent à celui qui regarde.