Sœur Maria Kajusa Trznadel et Sœur Maria Akwila Podskarbi
Soeur Maria Kajusa Trznadel
Sœur Maria Kajusa (Stefania) Trznadel, Ursuline de l’Union Romaine, est née en 1910 à Kamień dans le diocèse de Przemyel. Sr. Maria Kajusa venait d’une grande et pieuse famille d’agriculteurs, la plus riche du village. Elle avait quatre frères et sœurs. La petite enfance de Stefania a coïncidé avec une période difficile de la Première Guerre mondiale lorsque le village est passé dans les mains autrichiennes puis russes. Kamień n’était pas un point stratégique important, mais le village devait fournir soldats et nourriture, ce qui a par la suite causé la faim et l’appauvrissement des habitants. Après la fin de la guerre, Stefania a commencé à fréquenter l’école primaire, dont elle a suivi trois classes. Elle a ensuite poursuivi ses études pendant six mois dans une école d’agriculture. Enfant, elle était secrète et réservée et aimait lire. Elle s’intéressait au mouvement tertiaire franciscain, auquel appartenait sa sœur, Franciszka. Elle a rejoint le Tiers Ordre de Saint-François à l’âge de dix ans et a probablement été acceptée comme membre à part entière à l’âge de treize ans. Elle avait lié amitié avec les autres tertiaires ; les filles avaient des réunions ensemble, avaient leur autel dans l’église paroissiale, et ensemble, elles participaient à des processions en portant la statue de SaintFrançois. Stefania avait adopté le mode de vie des tertiaires : elle récitait les prières prescrites, essayait d’assister à la messe, ne se rendait pas aux fêtes, priait beaucoup et travaillait dur. Quand elle eut treize ans, elle a vécu une sorte de conversion, à l’origine de son attachement pour le sacrement de la confession. Elle participait souvent à des pèlerinages. Jusqu’à ce qu’elle entre au couvent, elle a aidé à la ferme et aimait la couture.
Sa décision de choisir la vie religieuse a d’abord rencontré l’opposition de son père, mais cette résistance a été surmontée quand une voisine a rejoint le couvent. Il est impossible de déterminer pourquoi Stefania a choisi les Ursulines. Elle avait postulé auprès de deux couvents à Cracovie, mais n’a pas été acceptée en raison du trop grand nombre de sœurs et elle a donc décidé de postuler en 1931 dans un couvent à Poznań, loin de sa famille. A Cracovie, c’était une candidate active aidant à la cuisine, la buanderie et la boulangerie. C’était une personne désireuse d’aider, très rapide et énergique. Après la première période d’essai, elle est revenue à Pokrzywno, où elle a été acceptée comme postulante. Elle fut destinée à être sœur converse, engagée dans le travail physique, combinant la vie contemplative avec l’action « dans l’accomplissement de ses activités en présence de Dieu et dans le recueillement intérieur ». Elle fut admise au noviciat et reçut le nom religieux de Maria Kajusa. Pendant le noviciat, elle a travaillé à la ferme. Elle est alors considérée comme une personne désintéressée, fidèle, et estimant la vie communautaire. Elle fit ses premiers vœux en 1935, recevant le prédicat de Notre Dame Médiatrice de toute grâce. Après ses vœux, elle est restée au couvent de Pokrzywno et a continué à travailler à la ferme. Elle avait sous sa responsabilité des candidates et des novices. Au travail, elle était concentrée et observait fidèlement le silence.
Avant sa profession perpétuelle, elle a éprouvé des difficultés dans sa vie de foi : elle était tourmentée par des scrupules, elle se sentait abandonnée par Dieu, la prière lui est devenue difficile. Elle a fait profession perpétuelle le 17 juillet 1938. Personne de sa famille n’est venu à cette célébration, à cause de la distance. Sa famille ne lui a jamais rendu visite, et Sr Maria Kajusa n’est jamais retournée à la maison familiale : le lien se faisait seulement par courrier. Néanmoins, la famille était convaincue que son choix était juste, et qu’elle était heureuse dans au couvent.
Après sa profession, elle travailla quelques mois à la blanchisserie avec beaucoup de dévouement et elle en fut responsable au début de la Seconde Guerre mondiale. Elle est volontairement restée à Pokrzywno et n’est pas partie avec la plupart des autres sœurs.
À la fin de 1939, elle a commencé à avoir des problèmes cardiaques. Sa maladie, y compris sa convalescence, a duré environ six mois. Ce fut une période importante de changement dans sa vie et d’autres sœurs ont remarqué qu’elle devenait plus douce, plus lente et moins exigeante. Elle priait davantage et la transformation était perceptible par son entourage. Après la période de convalescence, elle a travaillé à la cuisine, puis au jardin. Certes, ce travail a nécessité beaucoup d’efforts de Sr Kajusa, mais elle essayait de ne pas montrer sa fatigue et encourageait les autres. Au moment où le front se rapprochait, elle était recueillie et avait pleine confiance en Dieu ; elle ne s’impliquait pas dans les conversations sur ce qui se passait autour d’elle. À la veille de sa mort, elle ne s’inquiétait que de savoir si le prêtre pouvait visiter les sœurs pour le sacrement de la confession.
Sœur Maria Akwila Podskarbi
Sœur Maria Akwila (Maria) Podskarbi, Ursuline de l’Union Romaine, est née en 1909 à Gorzyce Wielkie (à environ 100 km de Poznań). Elle venait d’une grande famille d’agriculteurs de la classe moyenne et avait onze frères et sœurs. Son père, Andrzej Podskarbi, était connu à la fois comme un bon fermier et une personne au tempérament vif. Il faisait également du commerce. Sa mère, Franciszka, une personne travailleuse, s’est occupée de l’éducation religieuse des enfants.
À l’âge de six ans, Maria a commencé l’école primaire. C’était une période difficile pour la famille. Son père a participé à la Première Guerre mondiale, et les difficultés économiques ont été ressenties par de nombreuses familles. Maria et sa sœur furent gravement malades à ce moment-là en raison d’un manque de vitamines et de nourriture. Après l’école primaire, un cours de couture a complété son éducation.
Maria était connue comme une personne qui aimait la solitude ; elle n’a pas participé à la vie sociale de ses pairs, bien qu’elle ait eu un ami, Andrzej, qui a également choisi la voie d’une vocation religieuse. Avec ses amis, elle a pris une part active à la vie de la paroisse, dans les services et les processions. Elle priait aussi près du calvaire en bord de route et, comme l’église était loin de la maison, elle prenait part à la prière commune en famille. En 1930, elle fit un pèlerinage à Czestochowa, et ce fut pour elle une expérience profonde. Un tel voyage était un grand événement pour les pèlerins, et Maria a, de plus, été témoin d’une guérison miraculeuse au sanctuaire de la Madone de Jasna Góra.
Avec l’aide de sa sœur aînée Pelagia, elle se préparait à entrer dans la vie religieuse. Quand elle parla de son désir, elle a d’abord rencontré l’opposition de son père, mais avec le temps, il a donné son consentement et a accepté le choix de sa fille. On ne sait pas quels étaient ses motifs pour choisir d’entrer chez les Ursulines. Elle a eu l’adresse des sœurs de Poznań - Pokrzywno par une personne qui connaissait la communauté.
Maria est arrivée au couvent de Poznań - Pokrzywno en 1931, d’où elle a été envoyée comme candidate à Stanislawow (maintenant Ivano-Frankivsk) ; là, elle était assistante de blanchisserie. Après cette première période d’essai, elle est revenue à Pokrzywno, où elle fut admise comme postulante. Elle devait devenir sœur converse, engagée dans le travail physique, « combinant une vie contemplative de recueillement intérieur et une vie active dans l’accomplissement de son travail en présence de Dieu ». Elle a été admise au noviciat en 1933 et a reçu le nom religieux de Maria Akwila. Pendant le noviciat, malgré sa santé fragile, elle a travaillé à la buanderie. À cette époque, elle avait la réputation d’être une personne responsable et fidèle, en particulier à garder le silence pendant la journée, y compris les moments de détente. Elle lisait volontiers des ouvrages sur Sainte Elisabeth de la Trinité et les œuvres de Saint Jean de la Croix.
Elle prononça ses premiers vœux le 1er juillet 1935, acceptant le patronage de la Sainte Trinité, présente au cœur de toute sa vie intérieure. Après ses premiers vœux, elle est restée à la maison du noviciat parmi les professes ; là, tout en travaillant pour le noviciat, elle était un modèle pour les sœurs plus jeunes. Dans son travail, elle avait une manière spéciale de laver le linge d’autel. Elle le faisait avec respect et beaucoup de soin, et elle enseignait cela aux novices qui l’aidaient. Elle se sentait heureuse au couvent et demanda à renouveler ses vœux.
Avant sa profession perpétuelle, Sr Akwila avait des problèmes de santé qui auraient pu devenir un obstacle à sa profession. Pourtant, elle fut admise à la profession dans le délai habituel et elle prononça ses vœux perpétuels le 17 Juillet 1938 dans l’Union Romaine de l’Ordre de Sainte Ursule, entre les mains de Mère Benedykta Bolewska. À cette époque, elle travaillait au jardin et, comme avant, était responsable des novices qui travaillaient avec elle.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, elle se retrouve en danger de mort car elle fut surprise dans les champs près des meules de foin par des soldats allemands et elle fut menacée de mort car on la soupçonnait d’avoir caché des armes ou des espions. Pendant l’occupation, elle a d’abord travaillé dans la ferme du couvent qui avait été repris par les nazis ; pendant ce temps, elle essayait également de subvenir à ses besoins et d’aider les jeunes sœurs.
Ces conditions de vie difficiles ont provoqué chez elle une maladie grave, probablement la tuberculose oculaire. En dépit de ses maux, elle est restée patiente durant sa maladie. Après l’amélioration de sa santé, elle a repris progressivement son travail, et plus tard elle prit en charge la responsabilité de la buanderie. Elle remplissait ses fonctions fidèlement malgré l’approche du front, en essayant d’éviter l’anxiété inutile et la conversation. Elle était prête à accepter toute volonté de Dieu.
L’emplacement du couvent a eu un impact sur son sort. Il y avait un aéroport militaire à proximité de Krzesiny et ainsi pendant l’offensive de l’Armée Rouge, les sœurs du couvent se sont retrouvées au milieu de la guerre. Après avoir pris l’aéroport, des groupes de soldats soviétiques ont saccagé des maisons à Pokrzywno, à la recherche d’un butin de guerre, souvent de l’alcool. Ils ont agressé les femmes qu’ils rencontraient, y compris des religieuses qui étaient encore en tenue laïque à ce moment-là. Le matin du 25 janvier 1945, les sœurs reprennent leurs habitudes, espérant que l’habit religieux les protégerait. Il convient de noter qu’à cette époque, les sœurs ne vivaient pas dans le bâtiment principal, mais dans une petite maison appelée la « maison rouge », située près du couvent. La communauté était réunie pour le dîner. Pendant le repas, les sœurs furent dérangées par des groupes de soldats, prétendument à la recherche d’allemands entrés dans la clandestinité. Ayant trouvé les sœurs, ils exigèrent cinq d’entre elles, menaçant de tirer en cas d’évasion. L’aînée a répondu en russe que toutes avaient fait vœu de chasteté et ne pouvaient pas répondre à leur demande.
Sr. Kajusa, dans la confusion de ce soir-là, est restée calme et réservée, défendant les plus jeunes, qui souvent ne comprenaient pas le danger. Elle a été vue aux prises avec un soldat qui avait juché une sœur sur une table. La plupart des sœurs réussirent à s’échapper. L’une d’elles, qui se trouvait encore près de la maison, entendit des coups de feu et revint sur ses pas et elle trouva Sr. Kajusa prise de convulsions. La sœur s’est alors enfuie et quand elle est revenue un peu plus tard, le corps de Sr Kajusa était déjà inerte.
Quand les sœurs ont commencé à s’enfuir, l’une d’elles avait été rattrapée près d’une fenêtre par un soldat qui lui a pris la main. Sr. Akwila s’est précipitée, l’a sortie des mains de l’agresseur et lui a ordonné de s’enfuir et, comme elle était paralysée par la peur, elle l’a poussée vers la porte. Le soldat a attrapé Sr. Akwila et l’a tirée à lui. Quand il a essayé de la prendre dans ses bras, Sr Akwila s’est agenouillée, d’une main elle agrippa le pied de la table, et de l’autre elle serra son crucifix. Le soldat lui tira dessus et elle est morte dès la première balle.
Les deux sœurs n’ont été enterrées que le 14 février à Poznań - Pokrzywno, dans le cimetière du couvent, où elles reposent encore aujourd’hui.
Sœur Akwila et sœur Kajusa sont mortes comme beaucoup de femmes, victimes des soldats de l’Armée Rouge. Jusqu’à la fin, elles se sont souciées des autres sœurs et ont défendu leur dignité de femme et de personnes consacrées.