En chemin

06/06/2022

Embrasser la vulnérabilité sur le chemin synodal

Chères sœurs, chacune d'entre vous,

J'ai participé à l'Assemblée plénière de l'UISG, réunion qui a lieu tous les trois ans. Il s'agit d'un rassemblement des responsables de Congrégations religieuses féminines du monde entier. Cette année, nous étions environ 520 réunies à Rome, et 190 autres ont participé à la réunion en ligne. Le thème de l'assemblée était "Embrasser la vulnérabilité sur le chemin synodal". J'ai vécu de nombreuses expériences au cours de cette semaine que je pourrais vous partager, mais je me concentrerai sur une seule.

 


photo: Annett_Klingner, pixabay.com

Au cours de la semaine, le groupe a eu une audience privée avec le pape François dans la salle d'audience Paul VI. À son arrivée, le pape s’est déplacé en fauteuil roulant. Il semble qu'il ait récemment subi un traitement pour sa hanche et sa jambe et qu'on lui ait conseillé de se reposer pendant quelques jours. Cependant, le voir arriver dans cet état fut une surprise, et quelque peu déconcertant.

Nous savons que, très souvent, le pape François utilise geste et symbole pour exprimer d’importantes réalités; pensons, par exemple, à ses visites régulières dans les prisons de Rome pour y laver les pieds des prisonniers le Jeudi Saint, ou à sa présence solitaire sur la place Saint-Pierre pour le discours spécial Urbi et Orbi au début de la pandémie, ou encore au récent chemin de croix du dimanche des Rameaux, lorsqu'il a invité une Russe et une Ukrainienne à partager le port de la croix pendant une station.

Pour moi, cette expérience, qu'elle ait été planifiée ou non par le pape, fut un autre geste très symbolique. Nous étions réunies pour réfléchir au thème "Embrasser la vulnérabilité", et voici un homme fort, un leader reconnu ayant une grande influence dans le monde, qui arrive pour parler à un grand groupe de personnes, sans cacher sa vulnérabilité physique. Lorsqu'il a commencé à parler, il l'a fait avec énergie, conviction, délicatesse et humour.

Le pape François nous a proposé de nous lire son discours, si nous le souhaitions, ou de nous le donner à lire, afin que nous puissions passer du temps « juste à parler ». Il a alors passé une heure à répondre aux questions, dans un style libre et amical. Il n'est pas arrivé avec des réponses, ni avec des consignes ; il a plutôt partagé ses réflexions sur la façon dont il a réussi à s'attaquer aux problèmes auxquels il est confronté, sur les questions de paix, sur les défis ecclésiaux, sur l'important défi du discernement et de l'écoute attentive, et sur bien d'autres choses encore. Il a donné la preuve qu’il respecte et apprécie les religieuses et les responsabilités auxquelles elles sont confrontées lorsqu'elles tentent d'intégrer la fidélité au charisme et leur insertion dans le monde d'aujourd'hui. Il a demandé pardon pour les fois où les autorités ecclésiastiques ont abusé de leur pouvoir à l'égard des religieuses, où ces dernières ont été maltraitées, abusées ou mal conseillées.

En réfléchissant à cette expérience, j'ai entrevu un peu plus la sagesse offerte par le pape François, une sagesse exprimée par ses mots, mais peut-être plus clairement par qui il est et comment il se présente. François est venu à nous simplement, il est venu comme il était à ce moment-là, il a partagé du fond de son cœur, il a parlé comme il l’aurait fait avec un grand groupe d' "ami(e)s". J'ai été frappé par le fait qu'il s'agit peut-être d'une image qui nous dit comment commence la "synodalité" - un simple "être avec" les autres, une inclusion profondément respectueuse et amicale, une volonté de partager du fond du cœur les sujets qui nous concernent, sans être sur la défensive.

Je pense que nous avons toutes beaucoup à apprendre alors que nous essayons de comprendre les situations de vulnérabilité dans lesquels nous devons entrer si nous voulons prendre au sérieux l'invitation à nous engager dans une véritable "expérience synodale". Peut-être qu'une partie de cet apprentissage concerne ce que nous devons "laisser tomber" pour pouvoir entrer dans un véritable dialogue avec les autres. Et je suis convaincue que nous ne pouvons pas véritablement faire partie de cette expérience de synodalité dans une église plus large, si nous ne nous rencontrons pas d'abord au sein de nos communautés avec respect et délicatesse, avec honnêteté et simplicité, et avec des manières d'être ensemble véritablement collaboratives.

Il existe un large éventail d'occasions au sein de nos diocèses et de nos paroisses pour nous engager dans les processus développés pour soutenir ce chemin synodal de l'Église. Je vous encourage à vous impliquer autant que vous le pouvez. Il s'agit de prendre au sérieux notre appartenance à notre Église, et de veiller à ce que la voix des religieuses soit entendue. Nous avons un point de vue important à apporter. Si dans votre diocèse ou votre paroisse, il y a peu d'occasions, peut-être, qu'avec d'autres, vous pouvez en prendre l’initiative !

 

Rome, le 11 mai 2022

Sr. Susan Flood osu - Prieure Générale, de la Circulaire No. 305