Ecologie intégrale

16/02/2021

Latifa - un modèle de chemin vers la fraternité humaine

Latifa Ibn Ziaten, fot. U.S. Department of State from United States, Public domain, via Wikimedia CommonsLATIFA IBN ZIATEN - Lauréate du prix Zayed 2021 pour la fraternité humaine, avec António Guterres, le 9ème Secrétaire Général des Nations unies.

Le prix Zayed pour la fraternité humaine est décerné à des personnes qui inspirent les autres à créer davantage de fraternité humaine en vue d’un monde pacifique. Il est appelé « prix Zayed » en l'honneur du fondateur des Émirats arabes unis, le défunt cheikh Zayed, qui a uni les sept Émirats et a mené une vie pacifique.

Le prix décerné à Latifa veut mettre à l’honneur cette mère courageuse qui n'a jamais abandonné.

Latifa est née le 1er janvier 1960 à Tétouan, au Maroc. À l'âge de 17 ans, elle s'installe en France pour rejoindre son mari, cheminot du réseau national de la SNCF.

Sa vie de femme au foyer et de mère change radicalement le 11 mars 2012. L'un de ses fils, Imad Ibn Ziaten, parachutiste militaire, est assassiné par un terroriste, Mohammed Merah, devant sa caserne à Toulouse. Au début, elle ne peut pas accepter que son fils soit mort. Elle rêve trois fois de son fils lui disant : « Maman, lève-toi. J'ai besoin de toi ». Latifa se dit : « Il est mort debout, alors je dois rester forte". Elle va à la rencontre de l'assassin de son fils et découvre que Merah a été élevé dans un quartier difficile et a subi des violences. Latifa va surmonter la douleur de la perte de son fils et créer l'association IMAD pour la jeunesse et la paix le 24 avril 2012.

Voici le témoignage qu'elle a apporté lors de la première Journée Internationale de la Fraternité Humaine : « J'ai surmonté ma blessure et je me suis engagée dans la société pour protéger la jeunesse. Je veux leur parler de paix et d'amour. Vous devez protéger les jeunes en leur donnant de bons conseils. C'est la responsabilité non seulement des parents, mais aussi des écoles, de l'État et des maires des villes. Tout le monde a cette responsabilité ». Elle s'est exclamée : « Arrêtez de remplir la tête des jeunes, laissez-les grandir normalement ! »

Elle a créé une association pour aider les jeunes, en luttant contre la discrimination et l'injustice. Elle consacre désormais sa vie à répandre la tolérance et à combattre l'extrémisme en passant du temps dans les quartiers pauvres, les prisons et les mosquées pour vaincre la violence et la haine. Elle peut voir son fils dans cette association qu'elle a nommée IMAD en son honneur.

De nombreuses personnes ont témoigné de la contribution de Latifa : « Elle a toujours un sourire pour tout le monde », « Elle est une étoile qui éclaire le ciel pour ceux qui sont dans le besoin. », « Elle est un œil, une oreille et un cœur pour les jeunes. » Un témoin a déclaré : « Latifa m'a aidé à trouver de nouvelles valeurs ». Une autre personne ajoute : « J'apprends toujours quelque chose d'elle, la manière dont elle écoute par exemple ».

Latifa confie : « Tout jeune qui a besoin de quelque chose, je l'aiderai. J'ai perdu un fils, mais maintenant je tends la main à de nombreux enfants. Je suis une seconde mère pour de nombreux enfants que j'ai sauvés au centre de détention, dans les foyers, dans les écoles, afin qu'ils ne tombent pas dans la haine ». 

De manière très convaincante, elle a déclaré : « Si nous pouvons briser les barrières dans nos cœurs, nous trouverons notre place dans la société et nous serons tous frères et sœurs. Mais nous devons vraiment briser les barrières. C'est très important ». « Je vous remercie du fond du cœur pour ce prix. Cela m'aide à poursuivre mon combat pour l'amour et la tolérance ».

Les deux dirigeants qui ont signé le Document sur la fraternité humaine de la paix mondiale et la vie en commun à Abu Dhabi (4 février 2019) se sont adressés à elle : le Grand Imam Ahmed Al-Thayeb : « Vous êtes un grand modèle du monde » et le Pape François : « Les gens apprennent de vous le chemin de la fraternité ».

Je suis ému de partager l'histoire de Latifa comme un appel à construire notre monde futur pour qu’il soit pacifique, tolérant et que nous acceptions les autres comme des frères et sœurs. L'amour triomphe de la haine. Quand il y a de l'amour, il y a du pardon, et il y aura une nouvelle vie. Pouvons-nous aussi être capables de devenir un pont de réconciliation et de fraternité dans notre famille, notre communauté, notre vie et notre environnement de travail, ainsi que dans la société dans le contexte de nos vies respectives ?

07.02.2021   ALC

Références: